Sauvegarde Dem 1

Cela va faire plus d’un mois que je foule les terre de Saint Adams. J’ai d’abord squatté une chambre dans un hotel, le temps de me trouver un logement. Je dois dire que je me serai bien adapté aux services d'hôtellerie, service en chambre, repas préparés et bons surtout. Ménage et linge faits sans que je n’ai à le demander. Le luxe quoi. Sauf que la paie ne risque pas de suivre bien longtemps ce genre de train de vie. Surtout que je ne serais qu’à l’essais à la rentrée, suivi de près et épié de tous les côtés. Quoi de plus normal avec un établissement d’une telle réputation.
Je me suis donc résolu à chercher un appartement comme tout le monde. Une tâche des plus chiante il faut l’avouer. Je me voyais déjà enchaîner les visites, les discussions à répétitions, toujours les même questions. Voire me retrouver à la rue une fois mon compte vidé par le règlement de la chambre. Mais par je ne sais quel miracle, je suis tombé sur une annonce de colocation, un mec droit dans ses pompes et pas bien compliqué. L’appartement était simple mais avait tout de ce qu’on peut attendre en fonctionnalité. Je n’ai pas mis longtemps à me décider. Et n’ayant pas grand chose comme bagages avec moi, mon emménagement ne s’est pas éternisé.

La colocation se passait plutôt bien. Chacun dans son coin et c’était très bien. Je proposais de faire le ménage telle semaine et les courses la suivante. Je faisais le choix de me montrer facile à vivre histoire de ne pas me retrouver dehors à grand coup de pied aux fesses. Son chat mettait un peu d’animation, c’était sympa.

Le mois d’août pointait le bout de son nez et je commençais à recevoir mails et appels de l’académie. Tout se mettait tranquillement en place. On m’avait donné quelques dates, des réunions, des visites, même une soirée entre professeurs. Une bonne manière de faire connaissance avec ses collègues, et de donner une première image. Je tenais à ce qu’on me foute la paix durant l’année, j’aurais déjà bien à faire avec les gamins, donc autant tout de suite se montrer courtois et souriant. Se préparer à un tas de questions plus ou moins personnelles, et s’attendre au fameux “ prof de musique, oh tu ne veux pas nous jouer un petit quelque chose ? “. Et éviter de répondre ce qui me démange la langue, se montrer gentils et poli.
Après avoir rempli un dossier que j’ai renvoyé à l’académie, je devais y faire ma première visite pour faire un check up santé. Un passage obligatoire pour se mettre clean avant de faire partie de ces murs. Rendez vous donné au dernier moment pour éviter de se faire berner par les adeptes de stupéfiants.

Me voilà donc en route pour mon futur lieu de travail, mon dossier médical sous le bras. N’ayant pas de voiture je dois donc me rendre à pied. Les rues me sont de moins en moins inconnues. Pour occuper mes journées j’avais décidé de parcourir la ville, me familiariser avec mon nouvel environnement, repérer des coins sympas ou manger, passer des soirées. Ce qui était chose faite, un club du nom du Beluga avait attiré mon attention, alors qu’il n’était pas encore ouvert j’avais questionné un employé pour savoir un peu ce qu’il s’y passait. J’avais bien entendu noté les différentes boutiques d’instruments ou de disques, ainsi que la salle de concert. Un restaurant qui se voulait français dont je devais rapidement me faire une idée. Un salon de tatouage qui m’avait fait de l’oeil avec les quelques pièces faites et exposées en vitrine, mais que j’avais fui rapidement. Je me connaissais, l’envie me titillait depuis un moment mais je n’avais ni le dessin, ni l’endroit, mais j’étais capable de rentrer et de demander “ Oui le logo de Linkin Park sur la fesse gauche s’il vous plaît “. Je m’épuisais parfois.
Après quoi j’avais noté, médecin, salle de sport, cinéma et autres dont j’aurais besoin sans doute plus tard.

Cela faisait 5 bonnes minutes que je fixais l’étiquette “ Infirmerie - Mat Donovan “. J’étais arrivé un peu en avance pour prendre le temps de découvrir les lieux et flâner dans les couloirs. J’avais toujours apprécié cette ambiance. Petit je n’avais jamais rechigné à aller à l’école. A chaque rentrée j’adorais déballer mes affaires toutes neuves, écrire les premières lignes sur un cahier encore vierge et qui sent bon le neuf. Comme les premières notes sur une partition.
Maintenant que j’étais de l’autre côté du bureau, j’avais découvert d’autres petite trucs qui me plaisait autant et qui me poussaient à venir. Ce qui était en haut de ma liste était ce qu’on pouvait découvrir sur les copies des jeunes. Autant les conneries monumentales, que les réponses avec beaucoup de réflexion et qui vous laissaient sur le cul.

Mais pour retrouver tout cela il fallait encore attendre quelques semaines, pour le moment je devais me faire pomper le sang et surement faire face à un regard interrogateur une fois le pantalon sur les chevilles.
L’heure du rendez vous s’affiche à ma montre et je vide mon esprit pour me concentrer sur la personne que je vais voir passer cette porte d’une minute à l’autre.